Journal charitable (1709-1710)

Notes

Ce journal reste introuvable, mais comme son existence n’est pas signalée dans le Dictionnaire des journaux et qu’il s’agit sans doute du premier périodique lyonnais, nous réunissons ici les rares informations à son sujet.

La première édition du Dictionnaire œconomique contenant divers moyens d’augmenter et conserver son bien et même sa santé de Noël Chomel fut publiée à Lyon, chez Pierre Thened, en 1709, en 2 volumes in-folio. En 1712, année de la mort de l’auteur, parut un Supplément au Dictionnaire œconomique, à Lyon chez Jacques Guerrier et Antoine Besson. L’exemplaire conservé à la Bibliothèque de Naples (voir numérisation) présente deux curiosités :

- l’adresse de Guerrier et Besson est recouverte par celle de Jacques Lions et Louis Bruyset ;

- entre les p. 68 et 69 (peu avant l’article « blé »), est reliée une feuille non paginée intitulée « Multiplication du bled et autres semences »

Cette feuille signale un « Journal charitable imprimé du mois de novembre 1709, qui se vend chez Jacques Guerrier et Ant. Besson »

Les seules autres traces qui subsistent de ce journal sont deux comptes rendus dans le Journal historique sur les matières du temps (autrement dit La Clef du Cabinet des princes, ou le Journal de Verdun). Le premier date de février 1710, p. 133-135 :

Pierre Thened, libraire de Lion, a commencé d’imprimer un petit ouvrage, que Mr le curé de St. Vincent [Chomel], promet de donner au public tous les mois, sous le titre de Journal charitable. Les Magistrats de Lion, qui en ont permis l’impression, ont borné l’auteur à n’excéder pas deux feuilles d’impression chaque journal. Ce nouveau journaliste promet des moyens sûrs pour nourrir les pauvres à peu de frais ; d’indiquer des boissons qui tiendront lieu de vin ; de suppléer au défaut d’huile d’olive et de noix dont les arbres sont morts ; d’apprendre aux laboureurs la manière de semer leurs terres avec la moitié moins de semences, et d’avoir une abondante récolte, et enfin le secret d’augmenter son bien et même sa santé.

Voilà quels sont les engagements de ce charitable pasteur ; et voici comment il a commencé à les exécuter dans le premier Journal charitable qui a paru. […]

Mr le curé de Saint-Vincent offre de vendre par charité aux pauvres Laboureurs une drogue de sa composition, qu’il nomme matière universelle, avec laquelle ils prépareront les grains qu’ils voudront ensemencer, les assurant qu’en considération de leur pauvreté, il leur donnera pour cinq écus une livre et demie de cette matière universelle qui est la quantité qu’il en faut pour chaque arpent ; à l’égard des riches, il leur vendra la même quantité six écus […]

On dit en proverbe que charité bien ordonnée commence par soi-même ; c’est en vain qu’on s’était flatté que ce charitable curé allait donner gratuitement au public un secret qui rétablirait  l’abondance dans le royaume […]

En avril 1710 (p. 280-284), le Journal historique consacre un second article, plus long et plus positif, à un  nouveau Journal charitable imprimé en février, toujours par Pierre Thened. Dans cette deuxième feuille, il est question de pains de panais, de glands et de genevrette. Contrairement à la précédente, elle n’est pas entachée du « crime de simonie »

Note : la « matière universelle » est décrite par Nicolas de La Mare dans l’édition de 1767 du Dictionnaire économique, t. I, p. 321 et 325 (article blé, § III et XIII), avec référence explicite à Chomel, lequel n’est cependant pas l’auteur du Secret des secrets ou Secret de faire rapporter aux terres beaucoup de grains avec peu de semence (1698), que les premières éditions du Dictionnaire économique (1709, 1718, 1732, 1741) attribuent à Le Prieur de la Perrière († 1704). Alors que le Dictionnaire affirme que Le Prieur est mort sans livrer son secret, la feuille volante signalée plus haut affirme le contraire.